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GIDE AUDACIEUX

Corydon, Gide a mis un peu trop d’astuce, et de la plus fourrée.

L’ouvrage est une suite de dialogues dans lesquels un homosexuel s’évertue à démontrer scientifiquement la légitimité de son instinct à un hétérosexuel malveillant et mal informé. Celui-ci, qui est censé rapporter les dialogues, Gide nous le donne comme n’étant autre que lui-même, puisque, des deux personnages, c’est celui qui dit : « je ». Si, le Corydon n’avait pas été suivi des confessions, nous ne serions pas en droit de reprocher à Gide d’avoir abusé dans Corydon de notre ingénuité. Mais Si le grain ne meurt a paru, livre qui a pour objet de ne nous laisser aucun doute sur les penchants de Gide en personne.

Or, quand Gide, dans les dialogues, se distribue le rôle de l’homme normal qui, non seulement fait à l’homosexuel des objections, mais le raille, quand nous voyons cette raillerie, à chaque page, aiguiser de nouveaux traits, et le railleur persister jusqu’à la fin dans ses sarcasmes, il nous devient impossible d’admettre qu’il n’y ait là qu’une convention littéraire. Ou bien la faute, c’est d’avoir introduit l’artifice dans une discussion dont le postulat est précisément que l’artifice n’y a point place.