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XIV

Deuxième phase : Gide audacieux. — Examen du Corydon.

C’est sur l’autel de la Vérité que Gide, en 1922, prétendit déposer Corydon.

L’ouvrage avait été déjà imprimé en 1911, à douze exemplaires, lesquels, dit l’auteur, « furent remisés dans un tiroir ». En 1920, fut tirée une seconde édition, sinon aussi secrète que la première, du moins toute confidentielle encore, puisqu’elle ne comptait que vingt six exemplaires, qui furent probablement distribués à des amis. Ce n’est pas par minutie bibliographique ni manie de bibliophile que nous rappelons ces détails, mais pour marquer avec quelle prudence Gide est sorti de son couvert.

Nous ne sommes pas de ceux qui voient dans ces hésitations l’indice d’une « certaine timidité de pensée », selon l’expression employée par l’auteur dans la préface où lui-même se défend de cette faiblesse. Ce me semble plus juste de croire que, lorsqu’on a, dans ses mœurs, depuis