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LA PRÉDICATION D’ANDRÉ GIDE

croyons-nous, cet ouvrage que dans l’intention délibérée de nous avouer, ou plutôt de proclamer hautement[1] les particularités de son instinct ; mais il n’a pris cette détermination que sur le tard. Gide, en effet, est né en 1869, et l’on se rappelle que nous avons, à deux reprises, relevé telle et telle de ses œuvres comme des points de repère dans l’historique esquissé par nous, concernant l’évolution de l’esprit public à l’égard de l’homosexualité. C’est qu’aussi bien Gide lui-même n’a progressé que lentement, non pas dans la connaissance de son penchant, qu’il découvrit d’assez bonne heure, mais dans l’idée qu’il en pût faire sans fard la confidence à des lecteurs.

Il serait curieux à plus d’un égard de rapprocher du texte récent de Si le grain ne meurt le texte de L’Immoraliste édité il y a vingt-cinq ans. Les évènements rapportés dans le tome troisième des confessions (le voyage en Afrique du Nord, et la maladie, et la convalescence, et le reste) sont en effet ceux-là mêmes qui composent, pour la majeure partie, le fond de l’œuvre romancée. Notez cependant que celle-ci avait déjà la forme d’une confession publique.

  1. « Car sied-il de parler de défaite quand le front est si redressé ? » (Si le grain ne meurt III p. 136).