Page:Porché - L’Amour qui n’ose pas dire son nom, 1927.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
174
LA PRÉDICATION D’ANDRÉ GIDE

trois petits volumes a une signification autre que littéraire. L’écrivain, tout le premier, nous invite à juger l’œuvre comme un acte.

Ainsi placé par André Gide lui-même dans l’obligation de prendre directement à partie, en lui, non pas tant l’auteur que l’homme, je voudrais qu’il me fût possible, sans rien renoncer de ma franchise, de ne pas contrister un ami. Quand je dis « un ami » ce n’est pas que je prétende que Gide de son côté me considère comme tel. C’est de mon seul point de vue que je parle, c’est mon propre sentiment, duquel Gide peut fort bien ne pas se soucier, qu’il m’importe surtout de ne pas froisser ni ternir, car il est pur, ancien et fidèle.

Gide et moi, nous ne nous voyons jamais, ni ne nous écrivons non plus. Mais je lui garde une reconnaissance profonde pour un appui qu’il n’a peut-être plus souvenir de m’avoir prêté pendant la guerre, dans une heure pénible, quand, évacué du front et encore tout chancelant, obligé, à ma sortie de l’hôpital, de me rendre dans le midi pour m’y soigner, je ne savais où aller.

Mon désarroi, cependant, était peu de chose