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LA PRÉDICATION D’ANDRÉ GIDE

Du roman à la confession publique il y a loin, ou plutôt, car il peut arriver qu’un roman ne soit qu’une confession déguisée, l’attitude de l’auteur, dans les deux cas, n’est pas identique socialement. Il n’est pas rare qu’un écrivain emploie la forme du roman autobiographique pour y déverser ce qu’il a sur le cœur et libérer ainsi sa conscience, mais alors la caractéristique de l’œuvre, même quand celle-ci est littérairement sans valeur, demeure avant tout littéraire.

Tandis que, dans les confessions, quelle qu’en puisse être la valeur esthétique, la tendance principalement ressortit à l’éthique, le but visé est d’abord moral.

Or, de nos jours, chez qui les préoccupations morales sont-elles plus ancrées, plus constantes, chez qui, sous d’apparents reniements, sont elles restées plus vives que chez M. André Gide[1] ?

Si nous le nommons, ce n’est qu’après lui, et parce que, lui-même se déclarant, il nous en a donné tacitement l’octroi. Que les souvenirs publiés sous le titre de Si le grain ne meurt soient signés André Gide, c’est précisément cela qui constitue le fait grave que nous signalions ; c’est à cause de cela que l’édition de ces

  1. « Nul plus que M. Gide ne semble hanté de morale. » (Henri Massis, Jugements II).