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LA FATALITÉ D’OSCAR WILDE

des méditations plus hautes que le solitaire de Berneval, déjà coquetant de nouveau avec ses amours.

Mais c’est la fatalité d’Oscar Wilde que la pire catastrophe ne l’a point guéri. Et ce n’est pas une raison parce qu’il est retombé dans son erreur pour oublier ses tortures, ou pour prétendre que les cris qui lui furent arrachés par la souffrance n’ont aucune résonance morale. Ici, nous surmontons nos répugnances, ou plutôt nous n’avons nul besoin de faire cet effort, car un autre sentiment les remplace : celui d’une pitié profonde. Oscar Wilde n’a jamais renié sa nature, mais peut-être ne l’eût-il pu qu’en s’ôtant la vie. Allons-nous, au nom de notre propre nature, regretter qu’il ne se soit pas emporté jusque-là ? C’est nous, alors, qui serions un monstre. Il ne faut pas grandir les pervers, mais il faut plaindre les suppliciés.