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LA FATALITÉ D’OSCAR WILDE

Avec Withman, il nous était encore loisible de fuir les vallées basses et de gagner les collines. Avec Wilde, force nous est de nous enfoncer, de cercle en cercle, jusqu’à la troisième enceinte du septième, où Dante, en son Enfer, parque les sodomites. Là, les damnés gémissent, mais, c’est horrible à dire, si le gémissement cesse et fait place à quelque mièvrerie, à quelque compliment fade que, dans les intervalles de ses maux, l’un d’entre ces malheureux adresse à son compagnon, nous regrettons le temps des plaintes. Ainsi, quand, une fois sorti de prison, Wilde ne songe plus qu’à renouer avec Bosie, et lui écrit de sa retraite normande : « Je suis si content que vous alliez au lit à sept heures. La vie moderne est terrible pour des charpentes délicates et vibrantes comme la vôtre : une feuille de rose dans une rafale de dure grêle n’est pas plus fragile[1] », oh ! certes, nous n’en persistons pas moins à penser que la condamnation du poète fut une iniquité, mais nous ne pouvons nous empêcher de faire cette réflexion que le prisonnier de Reading, le matricule C. 3. 3., dans les instants où le dépit amoureux lui laissait quelque relâche, avait tout de même

  1. Lettre citée par Henry D. Davray, dans sa Préface à la traduction du De Profundis (éd. Kra).