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LA FATALITÉ D’OSCAR WILDE

je me suis imposé d’observer dans ce livre, à force de cacher les réactions de mon instinct personnel, j’en viendrais à manquer de sincérité et ferais du désir de rester impartial une autre hypocrisie. Je n’essaierai donc pas, à cette place, de réprimer mon dégoût.

Au surplus, cette nausée elle-même, a une valeur objective, et je puis l’insérer, à titre d’indication, dans mon examen. Répulsion, chez moi, d’hétérosexuel ? Sans doute, et c’est pourquoi l’aveu en importe. Ce réflexe prouve qu’il y a, chez beaucoup, dont je suis, un fond irréductible qui, théoriquement, peut bien composer avec l’anomalie, philosopher au besoin avec elle, mais qui, mis en présence de réalités brutales, j’entends d’images précises, revient, d’un brusque mouvement, aux réprobations anciennes.

Si j’ai esquissé le portrait physique des deux amis, c’est intentionnellement, par honnêteté, pour tenter sur moi-même une épreuve. J’ai voulu sortir des considérations abstraites, sociales, morales ou purement sentimentales, montrer les êtres de chair, dont il est question et que cependant l’on perd de vue, évoquer enfin les corps, puisqu’aussi bien c’est d’eux et de leur folie qu’il s’agit. Alors je n’ai pu taire mon aversion.