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LA FATALITÉ D’OSCAR WILDE

injures essuyées, les violences subies, les rires démoniaques convulsant les traits du visage chéri, et avec tout cela, au milieu de ce bouillonnement, sous cette pluie de cendres brûlantes, l’incurable passion : dans le geste qui repousse l’amorce du geste qui appelle, la phrase cinglante qui s’achève en prière, la haine qui le cède brusquement à l’adulation et la satire à l’ode… Et toujours, toujours le même refrain : « Pourquoi ne m’avez-vous pas écrit ? »

Lord Alfred Douglas était (je cite Henry Davray) « un bel éphèbe mince, aux grands yeux bleus, aux cheveux blonds dorés ». Des cheveux de miel, disait Oscar Wilde.

À l’époque où ils se rencontrèrent, à l’automne de 1891, Bosie avait vingt-et-un ans, mais Oscar en avait déjà trente-cinq. Au temps orageux de leur liaison, à la veille des poursuites, le poète était un quadragénaire qui prenait de l’embonpoint et, (c’est le méchant « Prince Fleur-de-Lys » qui l’assure) il avait les dents gâtées, défaut qu’il s’efforçait de cacher dans la conversation en tenant sa main devant sa bouche.

Quelle que soit la consigne d’objectivité que