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LA FATALITÉ D’OSCAR WILDE

apaisées d’entre elles, nous paraissent encore traversées de sourds grondements.

Non, nous ne nous doutions pas, en 1905, à quel point le détenu de 1897, après vingt mois de régime cellulaire, était demeuré impénitent sous le rapport des mœurs qui avaient motivé sa condamnation. Ingénument nous pensions que le repentir dont témoignaient les passages du De Profundis livrés à notre curiosité ne pouvait manquer de porter sur le désir inverti. Des phrases comme celles-ci nous abusaient : « Le désir, à la fin, fut une maladie, ou une folie ». D’autres auraient dû nous mettre en garde : « Pas un seul instant je ne regrette d’avoir vécu pour le plaisir ». Mais de telles déclarations, nous les supposions inspirées par le sentiment très orthodoxe que, sans péché, il n’y a point de contrition et, par suite, que le péché, qu’il faut maudire en tant qu’offense au Seigneur, doit être béni en tant qu’il ouvre la porte à l’expiation, qui humilie la créature.

À quoi donc se référaient ces remords de Wilde, d’une expression si belle, ces gémissements d’un regret qui nous bouleverse encore, car sa sincérité n’est pas douteuse ? À ceci, qui déjà nous était dit, mais dont nous n’entendions pas le sens : « Je permis au plaisir de me dominer ».