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LA FATALITÉ D’OSCAR WILDE

assurément, mais, la soudure définitive une fois accomplie entre les morceaux anciens et les morceaux restés jusqu’à ce jour inédits, l’éclairage de l’œuvre change. Les lueurs d’aube disparaissent ; toute rosée s’évapore. Plus rien, qu’une lumière sulfureuse. Le lamento connu sous le nom de De Profundis, ainsi que nous l’avons appris, non sans quelque stupeur, n’est en réalité, qu’une longue lettre qui commence par ces mots : « Cher Bosie » et se termine par ceux-ci : « Votre ami affectueux, Oscar Wilde ».

Il est vrai qu’entre les deux formules, si tout est affreux amour, tout n’est pas ménagement, ni tendresse. L’objet principal de l’épître est le suivant : depuis plus de deux ans que Wilde est incarcéré, Lord Alfred n’a pas écrit, et ce silence est pour sa victime plus amer que le grossier pain de maïs des forçats. Le poète prend la plume pour se plaindre de cet abandon, et voici que, dans une éruption effrayante, il a couvert de sa fine écriture serrée quatre-vingt grandes pages du papier bleu à en-tête de la prison. Les méditations publiées il y a environ vingt-et-un ans, ne viennent qu’après ce torrent de lave, et lorsque nous les relisons aujourd’hui, dans l’ordre de leur composition, à l’infernale clarté de ce qui les précède, les plus