Page:Porché - L’Amour qui n’ose pas dire son nom, 1927.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
162
LA FATALITÉ D’OSCAR WILDE

Et pourtant Wilde se trompait s’il s’est imaginé que ce dessein qu’il avait formé de poursuivre l’originalité dans toutes les directions, lequel dessein aboutit dans les mœurs à une perversion calculée, suffit à expliquer son existence entière.

Hélas ! dans ce qui fut sa catastrophe, la préméditation n’eut aucune part ; l’homme n’a plus été qu’un jouet du vent. Sans doute, aussi longtemps que la destinée lui sourit, le poète a pu organiser ses vices, savamment, studieusement, comme il composait ses jolis apologues fleuris de réminiscences érudites ou ses préceptes remplis d’« intentions ». Sans doute les habitudes contractées en des nuits de froide débauche ont pu également préparer les voies dans lesquelles s’est précipité un désir aveugle. Le lit de la passion, c’est le vice qui l’a fait. Mais quand Bosie parut, le vice n’était pas seul à l’accompagner, une autre puissance se montrait qui, sous le masque du vice ou se servant du vice comme d’un instrument, allait déchaîner le malheur. Cette puissance, c’était l’amour.

Un atroce amour. Mais l’amour. Il faut bien l’appeler par son nom. La liaison fameuse qui