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LA FATALITÉ D’OSCAR WILDE

d’affirmer qu’Oscar Wilde en l’épousant n’a eu en vue que des avantages matériels. Ne tombons pas dans le travers ordinaire aux biographes toujours empressés de prêter à la conduite de leur auteur des mobiles qu’ils inventent. Rien ne prouve que Wilde, tout en haïssant la Loi, n’ait pas voulu, à l’époque de son mariage, faire une dernière tentative pour se contraindre lui-même à demeurer dans ses bornes. Mais rien non plus, ne nous garantit qu’il n’ait pas obéi simplement à la préoccupation de sauvegarder les apparences. Bref, l’homme ayant négligé de nous renseigner sur les origines de son penchant, nous devons, quant à celles-ci, nous en tenir aux hypothèses. Mais ce qu’il y a de sûr, c’est que, ce penchant une fois déclaré, Wilde s’y attache résolument, comme s’il avait découvert sa vérité ; toutes les puissances de cette âme, dès lors, se satisfont dans une forme d’amour qui a pour elle ce prestige d’être à l’opposé du commun.

En toutes choses viser au singulier. Tel est, non seulement l’idéal d’Oscar Wilde, mais le vœu profond de sa nature.

Le poète s’est beaucoup dépensé pour accréditer dans sa coterie l’opinion qu’il était de noble famille. Être un aristocrate, première