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LA FATALITÉ D’OSCAR WILDE

Cette attitude mentale, je veux dire, cette complaisance envers ses propres particularités, on la retrouve chez Wilde dans tous les ordres, non seulement moral mais social, intellectuel, artistique etc… Est-ce l’anomalie sexuelle dont les effets déformants se font sentir de proche en proche à travers l’âme entière ? Ou bien, plutôt qu’une contamination de l’esprit par les sens, faut-il voir là une tendance foncière de tout l’être, tendance générale dont la perversion du désir amoureux ne serait qu’un aspect ? Il est bien difficile de se prononcer sur ce point.

Jusqu’à l’âge de trente-deux ou trois ans, (à trente ans il s’était marié et, de cette union, deux fils étaient nés), il semble que Wilde soit demeuré ce que les médecins appellent un homosexuel latent. Mais, là encore, impossible de rien affirmer. Seule, peut-être, lui avait manqué jusqu’à cet âge l’occasion qui change en acte une simple prédisposition. Peut-être aussi des scrupules, mêlés à la crainte des sanctions qu’il devait plus tard encourir, l’avaient-ils retenu. Que sait-on ? L’événement du mariage, en 1884, n’est pas de nature à nous mieux éclairer. Les gens se marient pour tant de raisons où l’amour n’a que faire ! Constance Lloyd n’était pas sans dot. D’ailleurs, personne n’est en droit