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L’INSTINCT ÉPURÉ

Mais c’est la qualité de la force, ici, qui purifie tout. L’expansion optimiste de l’être s’impose comme un phénomène naturel et se justifie elle-même d’abord par l’ampleur de son propre jeu. Quand on dit d’un homme : « C’est un élément », le mot, déjà, implique un commencement de consécration par le fait, laquelle est entourée, souvent, d’une sorte de respect religieux. Ainsi en va-t-il de l’âme du vieux Walt. L’idée hédoniste, qui assigne le plaisir pour but à la vie, semble bien médiocre, bien bourgeoise, en comparaison de cet esprit de conquête pacifique. « Carpe diem », cela signifie : « Borne-toi à tirer le meilleur parti possible de ce qui est, ou à profiter de l’occasion, du hasard. » Bonheur à la petite semaine qui ne saurait convenir aux équipes vaillantes, aux découvreurs d’horizons. En résumé, dans les joies physiques, telles que les recommande à ses amis le compagnon au large feutre, immense est la part de la volonté.

Immense aussi la part de la bonté. Et cette seconde justification est indispensable à la force pour qu’elle n’apparaisse pas comme un déchaînement d’instincts destructeurs, pour qu’elle soit bénie — ou simplement pardonnée.

Une bonté solaire, dans l’œuvre de Withman, éclaire et réchauffe toutes choses. Mais, sous ce