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L’INSTINCT ÉPURÉ

avance encore que Withman en personne a écrit[1] que, quoique non marié, il avait eu six enfants. Sans vouloir mettre en doute la sincérité de cette affirmation, on est en droit de s’étonner qu’un homme de son caractère se soit si peu soucié de sa descendance. En outre, aucune précision n’a été apportée jusqu’ici sur l’origine de cette paternité. Nul n’a jamais connu à Withman une liaison féminine. Par contre, d’aucuns, qui furent de ses familiers dans sa jeunesse, ont déclaré, sans intention malveillante, que « les femmes ne semblaient pas l’attirer ». Et, d’autre part, des commerces passionnés que le poète entretint avec des jeunes gens, les témoignages abondent. Enfin, quand il serait établi que Withman a bien eu des enfants naturels, comme il l’a dit, il n’en subsisterait pas moins que c’est à l’amour homosexuel, indiscutablement, qu’allaient ses préférences. Pour s’en convaincre, il n’est que de considérer la vie de l’homme et son œuvre.

Withman, qui ne méprise rien ni personne, ne méprise pas la femme. Mais ce n’est pas assez dire : il la respecte infiniment. Elle est le vase sacré où l’homme dépose la semence de l’avenir.

  1. Dans une lettre à John Addington Symonds (19 août 1890).