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QU’EST-CE QUE L’AMOUR ?

prit, touchant ce bizarre marquis de Custine, ce « René infidèle à la solitude », comme lui-même s’est appelé joliment. J’ai indiqué, tout à l’heure, que sa correspondance était pleine de masques. L’observation est vraie dans ce sens que l’objet de son principal souci y est pieusement caché. Et, sans doute, une telle réserve, une fois qu’on l’a devinée, on s’aperçoit qu’elle communique à ces lettres intimes, en apparence si confiantes, une couleur de mystère. Mais ce serait tomber dans la manie, dans l’abus de perspicacité spécial aux enquêteurs, que de vouloir y découvrir un sous-entendu dans chaque phrase.

Nous avons toujours tendance à croire que l’anormal ne pense qu’à son anomalie. Comme le désir irrégulier nous choque, ou, du moins, nous surprend, nous sommes tentés d’imaginer que l’individu chez qui l’appétit sexuel se manifeste sous cette forme, ne cesse pas une minute d’éprouver son étrange faim. Par une abstraction puérile, nous limitons à l’idée du « vice » la psychologie du « vicieux », de même que nous voulons que l’âme entière du criminel soit absorbée, à tous les instants de sa vie, dans la préméditation ou le remords de ses crimes.

Quand il s’agit d’un homme qui aime une