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L’INSTINCT MASQUÉ

maudit les bienséances qui le retiennent de crier son mal.

Quel mal ? Pourquoi ces suppositions ? Sans doute le lecteur m’accuse-t-il de broder. Hélas ! tout va bientôt s’éclaircir sous un coup de lumière atroce, celui que projette le scandale.

Le comte de la Grange est ici hors de cause. En 1823, il est entré dans la carrière. D’abord secrétaire de légation à Carlsruhe, il vient de passer à Vienne. Les deux amis ne s’écrivent plus que de loin en loin. Cependant, Châteaubriand est arrivé au Ministère avec M. de Villèle, et sa vieille amie Delphine ne cesse de lui recommander son fils Astolphe, dont les mérites, à trente-quatre ans, sont toujours sans emploi. Madame de Custine renonce pour Astolphe à la diplomatie (à quoi bon réveiller le souvenir de l’histoire de Darmstadt, si bien enterrée ?), mais les mères sont volontiers intrigantes : ce que celle-ci sollicite, ce n’est rien de moins que la pairie. Galamment, Châteaubriand s’emploie à couronner ce vœu. Le Roi a promis. Astolphe, prochainement, sera pair de France.

Sur ces entrefaites, dans l’été de 1824, un beau matin, le marquis de Custine est trouvé nu dans un champ, aux environs de Paris. Meurtri en différentes parties du corps, ayant été