Page:Porché - L’Amour qui n’ose pas dire son nom, 1927.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


J’ai conçu le dessein de parler des amours singulières, des formes inverties du désir, dans leurs rapports avec la littérature de mon temps.

Cette idée me vint pour la première fois en 1923. Mais, aussitôt, les difficultés de l’entreprise m’apparurent. Cette barrière de conventions, de convenances, contre laquelle je butais, je m’aperçus vite qu’elle n’était pas toute extérieure, qu’elle existait aussi en moi. Bref, la pudeur me limitait de toutes parts : quand je m’interrogeais, une timidité personnelle qui me semblait insurmontable ; quand je regardais au dehors, le sentiment d’une interdiction grosse de menaces, l’appréhension du blâme que je risquerais d’encourir si j’enfreignais cette défense.

Quatre ans passèrent. Durant ce laps, les raisons que je croyais avoir de composer le présent ouvrage reçurent l’appui d’exemples nouveaux qui ne laissaient pas de les renforcer. La tendance s’accentuait, jusqu’à prendre, dans certains livres, des allures de manifestes. En même temps, plus je toisais du regard la montagne d’empêchements qui me barrait la voie, moins je me sentais d’humeur à plier devant elle. Je découvrais, en effet,