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L’AMOUR GREC

nien bien-né devant les choses de l’amour.

En ce qui touche notre objet spécial, il semble bien que les Grecs aient fait eux-mêmes une distinction entre ce qu’on nomme aujourd’hui l’inversion proprement dite et les coutumes des armées et des palestres. L’anomalie véritable, ils l’ont flétrie généralement comme un vice ; non point à la façon des Juifs et des Chrétiens, pour lesquels la sodomie est une offense au Créateur, un péché, mais au nom, comme toujours, de la raison, parce qu’ils avaient positivement horreur de toute manie, de tout ce qui ressemble à une aberration, à une insanité.

Quant à l’amitié passionnée entre compagnons jeunes et beaux, ils l’ont acceptée comme un fait, blâmable sans doute en ses excès, mais qui méritait l’indulgence, et même, dans la mesure où ce sentiment parvenait à se dominer, le respect. Ils n’en voyaient plus alors que les effets heureux.

C’est surtout à Socrate et à Platon que je pense, car Épicure est un ascète qui condamne toute forme d’amour comme contraire à l’ataraxie du sage, et Aristote, préoccupé principalement d’assigner pour but à l’amour la fondation de la famille, voit dans l’homosexualité une dépravation ou une maladie.