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L’AMOUR GREC

Je disais tout à l’heure qu’un « homme-femme » qui aurait franchi l’enceinte des palestres eût été chargé de coups, cela n’est donc vrai qu’avec cette restriction qu’il n’en eût été ainsi que pour un prostitué faisant commerce de ses charmes ou pour un débauché sans esprit ; et encore seulement à la bonne époque, car nous savons que les gymnases devinrent vite le rendez-vous des oisifs, et que, dès lors, ils dégénérèrent en mauvais lieux.

Mais, l’origine de « l’amour grec » une fois établie, reste encore à expliquer comment il se fait que l’opinion l’ait admis, au point que la mode ait pu s’en répandre.

D’abord, n’oublions pas que, dans le monde antique, la chasteté n’a jamais été honorée en elle-même. Si Socrate la recommande, c’est en raison de ses effets, et parce qu’elle assure, dans la plupart des cas, la liberté de la pensée. Mais loin de lui l’idée de considérer comme une vertu une abstinence qui deviendrait une cause d’obsession et, par suite, de trouble pour l’esprit. Quelque peine que nous ayons à nous débarrasser de la conception chrétienne, il la faut résolument écarter si nous voulons essayer de nous représenter ce que pouvait être l’attitude d’un Athé-