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L’AMOUR GREC

tions de l’instinct sexuel inverti ont une cause analogue.

Maintenant, il est certain que cette cause initiale (influence d’un milieu unisexuel) a été renforcée dans ses effets, chez les Grecs, comme le dit si bien Plutarque, par l’habitude que les adolescents avaient prise de se dévêtir entièrement pour exercer leurs corps[1]. Le galbe ambigu de l’éphèbe se rapprochait de la forme féminine dans sa sveltesse virginale : le même trouble naissait à sa vue. Les adeptes récents de la culture physique ne me semblent pas avoir jamais envisagé ces conséquences du sport. Il est vrai que nos sportsmen ne vont presque jamais tout nus. Cependant, un culte nouveau de la beauté masculine, qui n’est pas encore sexuel mais qui peut le devenir, est déjà apparent aujourd’hui dans quelques ouvrages littéraires[2].

  1. Cicéron, dans ses Tusculanes, exprime la même idée. Selon lui, le fait de se dévêtir en public est un acheminement vers des actes honteux. Ce que, par une vue simpliste, nous appelons « pudeur chrétienne » est un sentiment que le christianisme a certes renforcé en le sanctifiant, mais qu’il n’a pu créer de toutes pièces ex nihilo. Il y a une pudeur païenne, c’est la modestia des Latins. Le mot a même passé dans notre langue, où « modestie » était autrefois synonyme de « pudeur ».
  2. Par exemple Les onze devant la porte dorée, de Henry de Montherlant. On sait que la précellence de l’académie mascu-