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L’AMOUR GREC

gens ont commencé à se dévêtir entièrement pour les exercices de la personne, et ce n’est que depuis ce temps que l’amour s’est glissé dans les parcs et lieux où la jeunesse s’exerce à la lutte. » D’où il ressort que l’institution des gymnases, si favorable à l’esthétique, l’aurait été beaucoup moins à l’éthique. Nos professeurs oubliaient cela ou bien en écartaient l’idée.

Mais, même si l’on met de côté la question morale, la phrase de Plutarque est, selon nous, d’une considérable importance. Comme toutes les constatations d’ordre historique, elle fait obstacle à la mystique. Car, n’en doutez pas, autour des images de la palestre, une mystique s’est formée, d’après laquelle tout ce qui se passait dans l’enceinte réservée, d’abord s’y serait passé de toute éternité, ensuite aurait une valeur absolue où Beau et Bien se confondraient. Or, voici qu’un ancien auteur nous fournit, sur les origines de l’amour entre garçons, tel qu’il se pratiquait en Grèce, une explication terre-à-terre : cet usage, qui fut pour les philosophes un thème de dissertations brillantes, proviendrait tout simplement de circonstances spéciales, et, pour tout dire, de certaines conditions de vie anormales, à savoir qu’à l’armée, au gymnase, les hommes vivaient exclusivement