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enfermer dans un écrin, des mains qui ne devraient manier que du velours et de la soie ! Et dire qu’une créature pareille est condamnée à végéter au fond d’une steppe parmi des rustres de paysans et s’astreint bénévolement à de viles besognes de ménagère !…

— Eh ! mon cher ! il n’existe pas au monde de besogne avilissante pour une femme de cœur, dit Voytek avec impatience.

— Ta ta ta ! paradoxes que tout cela ! La femme est faite pour être servie à deux genoux !… adorée ! adulée !… Je comprends qu’on fasse des folies pour elle !… qu’on se ruine comme ce charmant arrière-grand-oncle que j’ai eu, qui, pour satisfaire le caprice d’une maîtresse chérie, faisait entasser des flots de sucre en poudre dans son avenue, et lui donnait en pleine canicule l’illusion d’une promenade en traîneau ! »

Le train allait se mettre en marche.

« Mais tu n’ajoutes pas, dit avec un peu d’ironie Voytek, tout ce qu’il a fait souffrir