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reuse que l’approche du crépuscule voilât un peu le rouge qui empourprait ses joues.

« Et vous, continua le jeune homme en se penchant vers elle, aviez-vous songé également à notre première rencontre ?… Quelle idée vous faisiez-vous… de moi ?… »

Elle eut un petit mouvement de recul, se redressa de toute sa hauteur.

« Mais aucune,… aucune,… je vous assure… », dit-elle avec véhémence.

Il craignit de l’avoir offensée, et, pour détourner la conversation :

« Mais ne viendrez-vous jamais à Lublin ?… Si vous saviez comme vos tantes parlent toujours de vous avec enthousiasme ! Elles ne peuvent oublier le séjour de près d’une année que vous avez fait chez elles, lorsque vous n’aviez que six ou sept ans ! »

Marylka se souvenait, elle aussi, de cette grande ville, pleine de juifs et d’officiers russes, et de l’angoisse qu’elle éprouvait toujours à la vue de ces hautes maisons qui