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marylka

Un vieux gentilhomme à la face rubiconde, aux moustaches blanches floconneuses qui lui barraient le visage, se pencha à l’oreille de son voisin :

« Mon cher abbé, versez-moi un verre de tokai : je ne sais pas si je tombe en enfance, mais je ne me sens plus au niveau de la jeunesse d’aujourd’hui. Avez-vous compris un seul mot de tout le fatras que nous a débité ce jeune godelureau ?…

— Oh ! moi, dit timidement le prêtre, il faut m’excuser, honoré monsieur, mais je ne parle rien français !

— Oui, j’oubliais !… Encore une de leurs manies !… Sous le prétexte de bon genre ils ne peuvent plus parler leur langue !… »

Voytek écoutait avec une impatience mal déguisée les divagations de son cousin. Mais ce qui l’étonnait, c’est que Marylka pût trouver du plaisir à écouter un jargon pareil ; et il examinait son joli profil tourné curieusement vers le causeur, suivait les éclairs si vifs