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Pourquoi le nom de son cousin le viveur, l’élégant officier de dragons, tombant inopinément dans ce milieu paisible, avait-il bouleversé si étrangement Voytek ? Que lui avait donc fait ce jeune homme, son parent, le fils de son bienfaiteur ? Et d’où venait qu’une angoisse irraisonnée le prenait à la gorge, que ses yeux voyaient trouble, que ses oreilles bourdonnaient confusément ? Serait-il envieux… ou jaloux, grand Dieu !…

« Mais tu le connais bien, n’est-ce pas, ce Thadée ? » avait demandé M. Ladislas.

S’il le connaissait !… N’avaient-ils pas été élevés ensemble ? Et il revoyait le jeune fou, le charmant écervelé qui avait été son compagnon d’enfance et dont il avait eu si souvent à subir les tyranniques caprices !… Un être beau, intelligent, plein d’instincts généreux, mais si gâté, si perverti par l’adulation passionnée d’une mère, la vanité paternelle et les basses flatteries du monde !… Puis la vie les avait séparés. Voytek, obligé de lutter pour