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marylka

les, et de lointaines modulations venant de la forêt rompaient seules ce silence enchanté.

Ayant enjambé l’appui bas de la fenêtre, Marylka marcha droit devant elle.

Partout, dans la campagne, les feux étaient éteints. Au clocher de la petite église grecque le timbre sonna douze coups. Jamais Marylka n’avait été seule à cette heure. Une émotion attendrie la pénétra, en même temps que dans son âme impressionnable et mobile une souveraine pitié lui venait pour ces inconscients, ces endormis qui se dérobaient volontairement à un spectacle pareil, en sorte qu’elle éprouvait tout à la fois le désir de crier sa peine, et l’envie de murmurer un hymne d’adoration !…

Une lueur venant de la chambre de son père la frappa.

Il était là, ce père inexorable, à quelques pas d’elle. De quel élan à ce moment toute son âme volait vers lui !… Pourquoi ne dormait-il pas encore ? Souffrait-il, lui aussi ?…