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L’intendant, lui aussi, avait blêmi, flagellé par ses paroles méprisantes. Elle n’était pas aussi facile à conquérir qu’il se l’était imaginé d’abord, cette petite fille abandonnée !… À ce moment une troupe d’ouvriers, accompagnée de Voytek, vint à passer. Aussitôt, reprenant son sang-froid et l’expression composée de son visage, il salua respectueusement :

« Vous vous repentirez peut-être un jour d’avoir repoussé mon amitié », dit-il en s’éloignant, tandis que Marylka toute bouleversée s’enfonçait plus avant encore dans le fourré. Ce soir-là, et la journée qui suivit, elle fut introuvable. On sut par Stefanek, toujours fureteur et bavard, qu’elle avait soupé chez un paysan, d’une écuelle de lait et d’une tranche de pain bis. Le reste du temps elle avait sans doute erré dans la campagne pour ne regagner sa chambre qu’à la nuit noire.

Nul, à la maison, sauf peut-être Voytek, ne paraissait se préoccuper de cette boutade.