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marylka

vous en apercevoir !… Croyez-vous donc que je ne devine pas vos souffrances… et que je ne voie pas, surtout, l’injustice avec laquelle vous traitent votre père, votre mère ? »

D’un geste elle l’avait interrompu.

« Je vous défends de juger mes parents, je vous défends de vous occuper de moi, il n’y a rien de commun entre nous, entendez-vous !… »

La colère mettait une teinte plus sombre dans ses yeux bleus, colorait de rose ses joues si pâles d’ordinaire. Elle semblait grandie, ce n’était plus l’enfant boudeuse ou révoltée de tout à l’heure, mais une femme, avec des gestes fiers de grande dame outragée.

Souvent déjà l’Arménien l’avait poursuivie de ses obséquieuses attentions, mais jamais elles ne lui avaient été plus odieuses qu’en ce jour. Que pouvait-il lui vouloir ? Et le sentiment de sa détresse se faisait bien plus sentir encore. Oh ! n’avoir personne au monde à qui se confier !…