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ténues, elle les serrait convulsivement avec des sanglots. Non, personne au monde ne l’aimait ; ses seuls amis, c’étaient les arbres, les plantes,… les bêtes… À quoi bon essayer de s’amender, de conquérir l’affection, quand partout elle se heurtait à l’indifférence ou au mauvais vouloir ? Oh ! l’âpre jalousie qui la mordait souvent à la vue de Madia, sa petite sœur, si jolie, si mignonne, blottie tout contre sa mère, la main dans sa main, la joue contre sa joue ; et, quand elle aussi cherchait à s’approcher pour mendier une caresse, on la renvoyait d’une voix indifférente : « Que tu es donc brusque !… tu me marches sur le pied, est-elle sauvage ! On la croirait élevée au fond d’un bois ! » Elle s’en allait alors, les joues empourprées, serrant les poings, méditant des vengeances. Pourquoi était-on si dur,… si indifférent ?… Ne savait-on pas que son âme, à la fois fougueuse et tendre, s’amollissait bien vite à la moindre marque de tendresse !