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marylka

— Mon mari a toujours eu le talent de se faire duper », disait amèrement Nathalie.

On servait de fines crêpes fourrées de confiture de roses.

« C’est le plat favori de ce pauvre M. Ladislas, murmura le curé d’une voix triste. Quelle folie pourtant de se priver volontairement de pareilles bonnes choses quand elles sont là, sous la main !… » Puis, avec un soupir, il se servit portion double.

Marylka, le gosier étranglé, les yeux piqués de larmes prêtes à s’échapper, écoutait toujours, mais la colère s’amassait dans son cœur, et c’était ce ton de pitié dédaigneuse qui la bouleversait. Maintenant, les choses lui apparaissaient sous un nouvel aspect : ce n’était plus elle la coupable, c’étaient tous ces gens réunis là, à cette table ; elle les trouvait durs, injustes, cruels, et, avec la rigueur inexorable d’un juge, elle les condamnait. N’y pouvant tenir davantage, elle profita d’un moment où on ne l’observait pas et, se cou-