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quand la colère le dominait ; aussi, à peine la porte s’était-elle refermée sur lui que déjà l’on entendait le cliquetis des assiettes et de l’argenterie, tandis que la voix nasillarde du curé psalmodiait une à une les paroles du Benedicite.

En voyant s’éloigner son père, le premier instinct de Marylka avait été de courir après lui, mais son orgueil, et puis la vue de tout ce monde, devant lequel il aurait fallu se donner en spectacle, l’avaient retenue ; et, pourtant, jamais elle n’avait été plus troublée, jamais la voix paternelle n’avait fait vibrer d’une façon plus poignante les fibres intimes de son cœur. Brusquement une lumière jaillissait dans son cerveau, et c’était comme si l’âme de son père, meurtrie, méconnue, ignorée d’elle jusqu’ici, lui était soudain révélée.

Combien la scène inattendue de tout à l’heure l’avait émue ! Elle pressentait vaguement une tendresse infinie dans cet homme si peu maître de ses colères. Mais c’est sur-