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marylka

peu !… C’est qu’il en avait assez, à la fin, le pauvre exilé, de l’atroce vie solitaire, sans sourires et sans fleurs ; c’est qu’il avait hâte, lui aussi, d’apaiser ses lèvres à cette coupe d’ivresse qu’on appelle le bonheur ; malheureusement les pronostics de sa sœur n’avaient pas tardé à se réaliser. Après la première fougue de possession, qui lui avait fait tout oublier, misères d’antan, patrie, famille, et quand, par un plus tendre échange encore de confidences, il avait voulu confier à cette petite âme qui, désormais, était sienne, ses espérances et ses aspirations, il s’était heurté à une déconcertante indifférence. Que lui manquait-il donc à cette Natalka, si jolie, si mignonne et qui paraissait l’aimer ? Et, peu à peu, il avait compris que c’était l’étincelle, le feu sacré, le je ne sais quoi, qui sur un mot, une idée, fait que deux êtres vibrent à l’unisson et ne font qu’un !

Cette souffrance fut plus grande encore que les autres et, pourtant, il se trouvait injuste !