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surgés, grisés de jeunesse, couraient à la mort pour essayer de donner à d’autres la liberté !…

Il avait fait asseoir sa grand’mère, s’était agenouillé à ses pieds, comme lorsqu’il était petit garçon, avait baisé pieusement ses mains si blanches qu’elle lui abandonnait, et avec une exaltation presque religieuse :

« Babcia, avait-il dit, je partirai demain. »

Alors elle était devenue pâle, pâle, l’avait enveloppé d’un regard effaré, et, s’affaissant dans le fauteuil :

« Oh ! ne me le dis pas… », avait-elle murmuré dans un sanglot.

Longtemps alors il avait étreint contre sa poitrine la pauvre aïeule suffoquée par les larmes, tandis que ses camarades, l’âme toute remuée, s’esquivaient un à un.

L’heure suprême du départ pour l’insurrection avait enfin sonné. Oh ! l’agonie des derniers adieux ! et tandis que ses frères, s’excusant de ne pas l’imiter, l’exaltaient comme un héros, elle, l’aïeule, toute blanche, demeurait