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moment les démarches nécessaires pour obtenir un congé d’abord et pour que sa démission fût acceptée ensuite ; il n’était donc pas près d’arriver. Marylka ne s’en plaignait point, et jouissait de ce dernier temps de liberté en sortant le plus souvent possible avec tante Rose ; c’était d’ordinaire vers la solitude du jardin de Saxe que se dirigeaient leurs pas.

Un après-midi qu’elles voulaient traverser la chaussée, un cortège funèbre leur barra le passage. En tête marchaient les popes à la longue chevelure, qui psalmodiaient lugubrement ; derrière eux, les diacres qui portaient, dans des plats d’argent, le riz qu’on allait déposer sur la tombe ; enfin le cercueil découvert d’où émergeait, sur un coussin de satin blanc, la face grimaçante du mort. Rose, qui redoutait ces spectacles, se rejeta brusquement en arrière, mais, à ce moment, une vigoureuse poussée de la foule la sépara de sa nièce. Effrayée, la jeune fille cherchait à rejoindre sa tante, quand elle vit soudain