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marylka

« Hé ! Lia, cria-t-elle,… attends un instant !… Où cours-tu comme cela le matin ? »

Elle s’arrêta à contre-cœur.

« Golda sait bien que c’est aujourd’hui le jour du bain ! » dit-elle impatiente, et elle reprit sa course. C’était sur la rivière même qu’était situé l’emplacement clôturé où se baignaient les femmes juives. Un escalier précédé d’une galerie et d’une vaste cabine y donnait accès.

Çà et là, entre les eaux transparentes, on voyait glisser de belles jeunes filles souples comme des ondines, vêtues de longues chemises roses ou bleues, et elles plongeaient sous l’onde verdâtre, se jouaient à fleur d’eau en tournant vers le ciel leur profil oriental, tandis que, sur le bord, des vieilles accroupies, toutes nues, se savonnaient à grands tours de bras. Suspendus en grappes aux marches de l’escalier, des gamins de huit et neuf ans barbotaient bruyamment.

Soudain une clameur monta de la rivière, puis un tumulte… suivi d’un plongeon ra-