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marylka

faire dire des messes ! Je vais mieux, beaucoup mieux ; ce sont les drogues du docteur qui me font du mal !… Donne-moi une cigarette !… Ah çà, mais ne vois-tu pas que j’étouffe ici ! ouvre cette fenêtre ! Quand donc auras-tu un peu d’initiative !… Sais-tu où est Mlle Marylka ? »

Mais, sans attendre la réponse de l’enfant, il vint, d’un geste lassé, s’accouder à la balustrade de la véranda.

Le soleil montait rapidement dans la grande plaine podolienne, et, aussi loin que l’œil pouvait atteindre, on voyait la moire mouvante des blés verts onduler sous le vent.

Jadis cette même steppe, si cultivée aujourd’hui, était un océan d’herbes et de fleurs sauvages, une mer sans bornes où plongeait jusqu’au poitrail, dans son galop furieux, le fier étalon suivi de ses juments.

Une tristesse indéfinissable, pareille à un rêve tangible, plane sur ces espaces que l’œil à peine peut embrasser, et dans l’air embaumé