Page:Poradowska - Marylka, 1896.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.
179
marylka

C’est en vain que, ce soir-là, Marylka guetta sa rentrée dans le bal ; alors, le cœur lacéré par cette inexplicable froideur, elle continua à tourner automatiquement sous le lustre de la salle, gardant aux lèvres un sourire figé, et répondant çà et là, par de courtes exclamations dédaigneuses, aux compliments excessifs que lui débitaient ses danseurs… L’orchestre jouait une valse passionnée de Strauss ; l’officier, qui avait erré pendant quelque temps dans le hall, apercevant Marylka, fendit brusquement la foule et, après lui avoir fait faire quelques tours dans la salle, l’entraîna dans un boudoir, désert à cette heure.

« Si nous nous reposions ? » dit-il.

D’un air indifférent, Marylka inspecta la petite pièce, puis, apercevant un miroir, elle s’en approcha pour rajuster les fleurs de sa chevelure. Lui, sans parler, la contemplait.

« Que vous êtes belle !… » murmura-t-il doucement.

Elle fronça le sourcil.