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marylka

voix était si âpre qu’elle en fut effrayée. « Oui, répéta-t-il, des rencontres !… »

Elle était devenue pourpre.

« Je ne sais ce que vous voulez dire ?

— Marylka, je vous en supplie, dites-moi la vérité. Osez-vous m’affirmer que tantôt, sur la route, vous n’avez rencontré personne ? »

Un instant, elle hésita, surprise. Jamais elle ne l’avait vu dans un état pareil ; la colère semblait le dominer, et brusquement son orgueil, à elle, éclata à son tour ; le rouge de l’indignation envahit son front :

« Pourquoi m’interrogez-vous de cette façon insultante ? dit-elle… Quels comptes ai-je à vous rendre ?… Eh bien ! si j’avais même rencontré quelqu’un sur cette route, que vous importerait ?… Ne suis-je pas libre ?… »

Elle semblait grandie, ses lèvres étaient frémissantes, et un éclair de révolte jaillissait de ses prunelles d’un bleu sombre.

Pourtant elle sentait bien, en lui parlant, que la colère l’emportait trop loin, qu’elle s’en