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marylka

crépuscule rouge de sang pour crier au ciel leur supplique.

Et les voix montaient, montaient toujours, emplissant de leur bruit de tempête la lugubre enceinte ; puis brusquement elles s’éteignirent, et ce fut le silence. Un tertre était là : Marylka, y étant montée, vit par-dessus le mur bas une foule compacte et recueillie de soldats, et elle comprit alors, aux grands feux allumés çà et là, qu’elle était près du camp et avait assisté à la prière du soir.

Rendue plus brave à cette pensée, elle retourna à la grille, et ayant réussi, cette fois, à faire jouer le pêne, elle s’apprêtait à sortir, quand des pas sonnèrent sur la route, et elle reconnut Lia accompagnée d’un officier dont la tournure particulièrement élégante ne lui était pas inconnue. Ils se parlaient très bas, elle émue, suppliante, avec des sanglots dans la voix, lui très calme, essayant de la convaincre.

Effarée, Marylka s’était rejetée en arrière ;