Page:Poradowska - Marylka, 1896.djvu/143

Cette page a été validée par deux contributeurs.
135
marylka

— Bonne affaire pour les cabaretiers !

— Vous avez vu le camp au haut du faubourg de Cracovie ? il y en a là des milliers qui bivouaquent… et ça durera toute la semaine. »

Tandis que Marylka regarde, un mouvement imperceptible la fait tressaillir. Elle s’était crue seule. Quelqu’un est donc caché tout près ? Doucement elle écarte les feuilles et aperçoit une jeune fille en noir. Sa taille mince et cambrée fait une jolie ligne sur ce fond de verdure palmé de pétales jaunes. Elle tient les mains jointes, dans une attitude d’angoisse, et son visage a cette pâleur transparente des races orientales. Deux épaisses nattes d’un noir bleuâtre pendent le long de sa robe, et, quand elle tourne la tête, Marylka reconnaît les grands yeux profonds de celle qu’autrefois elle appelait Lia. Mais l’expression naïve de jadis a fait place à une fixité contemplative où l’on devine une ardeur, en même temps qu’une tristesse indicible. Se