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marylka

casquette de neige, sans visière, portée bien en arrière.

En tête de chaque bataillon, deux rangs de soldats à cheval, munis de fifres et de cymbales, de tambourins et de pavillons chinois qu’ils agitent bruyamment, hurlent des refrains sauvages avec une verve infernale. Jamais Marylka n’a vu un spectacle pareil, et elle se sent terrifiée, écrasée ; elle songe avec stupeur à ces hordes asiatiques que jadis Attila déchaîna sur la vieille Europe. Certes ces barbares devaient avoir ces hautes statures, ces faces rudes et bronzées, et volaient au carnage en proférant ces farouches chants de guerre.

Dans le peuple, des voix s’interpellaient :

« Savez-vous d’où ils viennent ?

— De Kief, dit-on ; et ils vont à Ivangorod, où le tsar doit les passer en revue.

— On dit que 180 000 hommes d’infanterie et de cavalerie traverseront Lublin ces jours-ci.