Page:Poradowska - Marylka, 1896.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
marylka

sur le pavé. Bientôt, au milieu d’un épais tourbillon de poussière, un fringant escadron de hussards, précédé d’officiers tout chamarrés de dorures, déboucha sur la chaussée.

Précipitamment Marylka a ouvert la croisée, et, sans s’inquiéter du qu’en-dira-t-on, enjambe le châssis très bas, et s’élance dans le jardinet. Là, abritée sous les grands tournesols qui forment un épais rideau, elle s’accoude au petit mur bas et regarde.

Aussi loin que l’œil peut parcourir l’espace, une houle humaine, sombre et mugissante, s’avance lentement. Plantés droits sur de superbes chevaux, des hommes de six pieds, couverts de poussière, le teint basané, le front ruisselant de sueur, défilent ; leur moustache est traînante, ils ont des yeux de flamme. Çà et là émerge une face plate de Tartare, larges oreilles, lèvres charnues, nez épaté ; ou bien c’est la tête de bronze, roulant des yeux blancs, d’un Kalmouk, rendue plus effrayante encore par le contraste de la large