Page:Poradowska - Marylka, 1896.djvu/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
marylka

petite », dit Zizi, mis au courant de la conversation.

La jeune fille avait légèrement pâli. Depuis quelque temps elle faisait des efforts inouïs pour se contenir ; le persiflage continuel de sa tante, le lourd chagrin dont son cœur était rempli, ajouté à la fatigue du voyage, achevaient de l’exaspérer, et maintenant cette attaque insolite, badinage sans doute, mais que dans son irritation elle prenait au tragique, mettait le comble à la mesure.

Ainsi, elle n’était qu’un jouet, un fantoche, une marchandise qu’on cherche à écouler le plus avantageusement possible !… Son orgueil se révoltait, elle se sentait insultée, avilie par tous ces regards d’hommes qui l’examinaient.

« Et moi », demanda un troisième personnage, assez insignifiant, qui s’était tenu dans l’ombre et dont le visage subitement mis en lumière apparut fat et souriant, « ne me permettez-vous pas aussi de me mettre sur les rangs, mademoiselle Catherine ? »