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marylka

Rose. Plus loin, tout près de la fenêtre, très droite dans son corsage baleiné à la mode d’autrefois, l’œil perçant, le nez aquilin, la voix très autoritaire, tante Catherine pérorait, fort écoutée, une cigarette allumée entre les doigts. Et pendant un instant elle considéra ce salon sans air, tout grouillant de monde, où s’agitaient journellement tant d’intérêts puérils. Oh ! la steppe !… le grand soleil ! le vent qui s’engouffre dans les sapins avec des soupirs doux et tristes comme des chansons !…

Tout à coup un cri simultané sortit de deux poitrines :

« Marylka ! »

Et les deux tantes, mues comme par le même ressort, se redressèrent en agitant les bras.

« Mais c’est bien elle !… Comment est-elle arrivée ? On n’a pas entendu la voiture ! Ta lettre vient seulement de nous parvenir.

— Approche donc, qu’on te regarde !…

— A-t-elle grandi !… C’est qu’elle est très jolie, et quels yeux, quels cheveux !…