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marylka

honnie par les siens, elle courait vers une destinée inconnue et allait à Lublin se réfugier chez les sœurs de son père, dont elle avait, dans un moment d’affolement, sollicité la protection.

Des coups de sifflet répétés annoncèrent qu’on se rapprochait de la ville.

Lublin !… c’était non loin de là qu’habitait Thadée, dont l’élan généreux avait tant adouci les derniers moments de son père. Et Voytek, ne le reverrait-elle pas aussi ? Il avait quitté si précipitamment le domaine, sans plus jamais donner de ses nouvelles ! Puis elle songea à ses tantes, chez lesquelles il lui faudrait vivre, et elle se reporta à l’époque d’une visite faite chez elles… alors qu’elle était encore tout enfant : elle revoyait la silhouette étrange des deux vieilles demoiselles, la bonne figure de Kanounia, leur femme de chambre, dévouée comme un chien fidèle, et puis, et surtout, une enfant singulière, une petite israélite, la fille même du