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également du fourré, s’arrêtent, s’orientent, puis s’engouffrent à leur tour dans le fouillis de verdure.

Tapie dans sa retraite, la jeune fille n’a pas poussé un cri. Lentement les fougères se redressent une à une, mais on entend à présent des cris de triomphe. Ce sont les traqueurs sans doute qui ont atteint leur proie. Le cœur de la jeune fille se serre, tous ses instincts généreux se révoltent devant la brutalité de cette chasse à l’homme faite là, sous ses yeux, sur ses terres, en plein pays civilisé. Et, comme elle s’élance pour aller au secours de la malheureuse, un petit pâtre vêtu de chanvre surgit soudain :

« On l’a attrapée ! crie-t-il rayonnant.

— Mon Dieu ! qu’avait-elle fait ?

— Volé, tiens !

— Elle était pauvre ?

— Pour sûr ! elle n’a rien.

— Et que va-t-on faire ?

— La battre, té ! quarante, cinquante coups !