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souvenir de l’événement qui avait provoqué son départ lui revint poignant à l’esprit. Elle vit cette matinée radieuse de juillet où sa mère, de sa voix calme, un peu traînante, leur avait annoncé, à sa sœur et à elle, son mariage prochain.

Et elle avait blêmi, étouffé une exclamation :

« Se remarier, bon Dieu ! mais avec qui ? »

Et puis, quand elle avait su !… Oh non, ce n’était pas possible. Maman ne ferait jamais cela ! et la mémoire de notre père… et la dignité…

Mais devant l’expression froide de sa mère et cette phrase si sèche : « Vous oubliez que votre père nous a laissées sur la paille ! » les paroles de révolte avaient expiré sur ses lèvres ; blanche alors comme un linge dans sa petite robe sombre, et le cœur tout gonflé du souvenir de l’absent chéri, elle avait courbé la tête, laissant couler jusqu’à terre ses larmes.

Ce silence de l’enfant, toujours si fougueuse, avait-il attendri la futile jeune