Page:Poradowska - Marylka, 1896.djvu/106

Cette page a été validée par deux contributeurs.
98
marylka

plaçaient péniblement, se balançant dans le vide au-dessus de leurs voisins. D’autres s’enveloppaient d’un énorme pardessus qui leur descendait jusqu’aux pieds, se coiffaient de petites calottes de soie, tandis que de moins délicats remplaçaient sans façon leurs hautes bottes par une paire de pantoufles. Lasse d’attendre en vain le sommeil, Marylka était allée s’accouder à une fenêtre ouverte du couloir et regardait au dehors. La nuit était tout à fait venue, nuit infinie dans cette plaine sans fin, tout imprégnée d’enivrantes senteurs de fleurs et de foin coupé.

Le ciel, d’un bleu indigo, éclatait d’étoiles, et par instants des lueurs phosphorescentes faisaient apparaître tout un coin fugitif de campagne.

Rebelle à la voix de la femme de chambre qui voulait la forcer à se reposer, grisée par l’exquise sensation de se sentir emportée avec cette rapidité vertigineuse, Marylka, demi-somnolente, la tête appuyée sur son bras,